Recherche sur le VIH : des avancées prometteuses
Près de quatre décennies après la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) à l’Institut Pasteur, environ 39 millions de personnes dans le monde sont infectées par le VIH et 1,3 million de nouvelles infections ont été enregistrées en 2022(1). La recherche sur le VIH vise à mieux comprendre les mécanismes d’infection pour éliminer le virus.
Le colloque « 40 ans de science du VIH », organisé du 29 novembre au 1er décembre à l’Institut Pasteur en partenariat avec l’ANRS-MIE, a réuni des experts qui ont évoqué des avancées significatives vers la rémission et la guérison du VIH. Cependant, la lutte contre le virus est loin d’être terminée, comme l’a souligné Stewart Cole, directeur général de l’Institut Pasteur : « Je salue ces années de recherche, d’avancées médicales et d’activisme, mais de nombreux défis restent à relever. Malgré ces progrès, 630 000 personnes sont mortes du Sida en 2022(1) et de nouvelles contaminations subsistent. Le combat contre le VIH n’est pas terminé. Cette lutte internationale se poursuit et personne ne sera laissé pour compte !«
Le ciblage du noyau cellulaire : une découverte majeure
Les chercheurs étudient divers domaines pour déchiffrer les mécanismes moléculaires liés à la réplication du VIH et à son intégration dans le génome des cellules hôtes. Grâce à des techniques avancées, ils ont découvert que le virus cible les noyaux des cellules, exploitant ainsi les mécanismes de la cellule hôte pour multiplier son génome et reconstituer des particules virales qui infecteront d’autres cellules. Selon l’Institut Pasteur, cette découverte « ouvre de nouvelles pistes pour lutter contre la réplication et la persistance virale ».
Une autre voie de recherche est l’immunité innée, c’est-à-dire les défenses de l’organisme qui sont immédiatement mobilisées pour bloquer le virus dès son entrée dans la cellule. L’Institut Pasteur estime qu’il est « envisageable de stimuler cette réponse naturelle en élaborant des traitements d’immunothérapies ».
Pour éradiquer le virus, il est crucial de l’éliminer de toutes les cellules de l’organisme où il s’intègre. Les scientifiques utilisent de nouvelles technologies pour localiser les réservoirs du virus et comprendre comment il s’y installe tout en échappant au système immunitaire et aux traitements antirétroviraux. Les ganglions et les intestins sont parmi les réservoirs étudiés par les chercheurs.
Des réponses immunitaires optimales pour contrôler le VIH
Certaines personnes, sans traitement antirétroviral, parviennent à freiner la progression du virus ou à empêcher la réactivation des réservoirs viraux. Ces individus contrôlent l’infection par le VIH grâce à des réponses immunitaires optimales qui neutralisent le virus. Reproduire les caractéristiques des cellules immunitaires responsables de cette activité optimale pourrait permettre de développer de nouvelles solutions thérapeutiques pour éliminer l’infection par le VIH.
Asier Sáez-Cirión, responsable de l’unité Réservoirs viraux et contrôle immunitaire à l’Institut Pasteur, explique que « l’identification du contrôle du VIH chez certaines personnes contribue grandement à renforcer les espoirs de rémission et de guérison et nous offre une opportunité unique d’étudier les mécanismes sous-jacents ».
En outre, les chercheurs étudient également les personnes qui, malgré une forte exposition au VIH, n’ont jamais été infectées en raison d’une mutation génétique qui empêche le virus de pénétrer dans leurs cellules. Cette mutation pourrait être induite par thérapie génique. Parmi les pistes d’études pour obtenir une guérison à long terme, on peut citer le développement de « ciseaux moléculaires » pour rendre l’organisme résistant ou la ciblage du virus lorsqu’il a été intégré dans les cellules pour l’éliminer.
1. D’après les données d’ONUSIDA.