Depuis longtemps, les chercheurs se sont appuyés sur des modèles murins pour étudier le développement des dents humaines. Toutefois, les différences importantes entre le développement dentaire des souris et des humains nécessitent une investigation plus poussée. Afin de faciliter la recherche sur la régénération de l’émail dentaire chez l’homme, une étude américaine s’est concentrée sur l’évolution et le fonctionnement des cellules améloblastiques.
Une étude des mécanismes de régulation des améloblastes
Alors que certains chercheurs envisageaient de créer un bonbon permettant de régénérer l’émail des dents, une nouvelle voie prometteuse a été ouverte aux États-Unis. L’étude américaine, publiée le 14 août 2023 dans la revue Developmental Cell, met en évidence l’importance d’examiner les différentes étapes du développement dentaire au niveau cellulaire. Les chercheurs ont utilisé une méthode qui leur a permis de suivre les schémas d’activation des gènes à chaque étape de la formation des dents.
Grâce à un logiciel, les chercheurs ont réussi à modéliser le parcours des activités génétiques produites lorsque les cellules souches indifférenciées se transforment en améloblastes. Ils ont ensuite induit la transformation de cellules souches humaines en améloblastes en les exposant à des signaux chimiques qui ont activé les gènes selon une séquence précise. Selon le Dr Hannele Ruohola-Baker, auteur principal de l’étude, « le logiciel indique le chemin à suivre, la feuille de route, le schéma directeur nécessaire à la construction des améloblastes ».
Générer de l’émail à partir de cellules souches
L’étude a également permis de découvrir un autre type de cellule, le subodontoblaste (potentiellement à l’origine des odontoblastes), capable de former des organoïdes. Ces structures présentent une organisation similaire à celle observée dans les dents humaines en développement et sécrètent des protéines essentielles à la formation de l’émail dentaire (améloblastine, amélogénine et énaméline), permettant ainsi la minéralisation. D’après le Dr Hai Zhang, co-auteur, « il s’agit d’une première étape cruciale vers notre objectif à long terme de développer des traitements à base de cellules souches pour réparer les dents endommagées et régénérer celles qui sont perdues ».
Des perspectives prometteuses pour la dentisterie régénérative
Alors que des essais cliniques pour faire repousser les dents vont bientôt commencer au Japon, cette nouvelle étude offre des perspectives encourageantes. Les chercheurs ambitionnent de créer un émail aussi résistant et durable que celui des dents naturelles pour réparer les dents endommagées. Leur objectif ultime reste la création de dents dérivées de cellules souches pour remplacer les dents perdues.
Plus de 90 % des adultes voient leur émail se détériorer progressivement ou disparaître partiellement au cours de leur vie. « De nombreux organes que nous aimerions pouvoir remplacer, comme le pancréas humain, les reins et le cerveau, sont volumineux et complexes. Les régénérer à partir de cellules souches prendra du temps », explique le Dr Ruohola-Baker. Les dents, en revanche, sont beaucoup plus petites et moins complexes. Elles pourraient être l’étape la plus simple à réaliser. « Il faudra peut-être un certain temps avant que nous puissions les régénérer, mais nous pouvons maintenant voir les étapes nécessaires pour y parvenir », ajoute-t-elle.
Nous pourrions enfin vivre le « siècle des obturations vivantes » et de la dentisterie régénérative humaine en général, conclut-elle. N’hésitez pas à consulter un questionnaire médical dentaire pour en savoir plus sur votre santé dentaire.