Dentoscope : Quelles étaient vos envies pour le congrès de l’ADF 2024 dont vous êtes le directeur scientifique ?
Nicolas Lehmann, directeur scientifique de l’ADF : Mon objectif était d’introduire des innovations dans le programme scientifique de l’ADF. Nous aurons notamment des sessions entièrement basées sur des vidéos, sans diaporama. L’intervenant s’exprimera à travers une vidéo, ce qui permettra de montrer un geste précis tout en évitant les temps longs liés à une démonstration en direct sur un patient. Par ailleurs, contrairement à un montage photo, la vidéo permet de visualiser les gestes et les techniques.
Les cycles de formation constituent une autre nouveauté de cette édition 2024 du congrès. D’une durée de six heures sur un sujet spécifique, ils comprennent des cours théoriques, des travaux pratiques et une démonstration en direct sur un patient.
Il y a toujours eu une session phare à l’ADF, mais cette année, c’est une nouveauté. J’ai souhaité la construire comme une session inaugurale, à l’image de ce que l’on peut voir dans les congrès internationaux, avec une vidéo d’introduction présentant un mot des secrétaires généraux et du directeur scientifique. La première partie sera consacrée à l’intelligence artificielle et sera animée par David Gruson, expert en IA appliquée à la santé. Durant la seconde partie de cette session phare, les membres du comité scientifique feront des présentations d’environ dix minutes sur leur discipline. Je leur poserai des questions pratiques et cliniques concernant les problèmes quotidiens que l’on peut rencontrer dans un cabinet dentaire.
Cette session est-elle incontournable ?
Oui, car ce format est inédit, le comité scientifique n’ayant jamais organisé de conférences jusqu’à présent. Cette session se tiendra dans le grand amphithéâtre le mercredi 27 novembre, pendant une matinée sans autres conférences, hormis des travaux pratiques, afin de permettre à tous d’y assister.
Cette session phare est très intéressante car un chirurgien-dentiste participant à l’ADF passe généralement son temps dans des conférences traitant d’une seule thématique. L’intérêt de la session phare réside dans le fait de bénéficier de présentations sur dix disciplines différentes (endodontie, restauration, chirurgie buccale, implantologie, odontologie pédiatrique…), ce qui est inédit à l’ADF.
Ce programme scientifique reflète-t-il votre vision ?
Oui, car j’ai voulu un congrès axé sur les attentes des praticiens. Étant moi-même un praticien libéral, j’ai souhaité proposer des conférences pratiques apportant des solutions cliniques aux problèmes quotidiens. J’ai voulu un équilibre entre la partie clinique et la partie fondamentale du programme.
J’ai essayé de faire en sorte que le comité scientifique soit équilibré, avec une parité entre les hommes et les femmes, ainsi qu’entre les praticiens libéraux et hospitalo-universitaires. Je ne voulais rien imposer aux membres du comité scientifique, mais plutôt leur laisser beaucoup de liberté. Je leur ai simplement demandé d’établir le programme du congrès idéal dans leur propre discipline. Au total, nous proposons 103 sessions couvrant tous les domaines de l’odontologie.
Quelles sont les autres sessions pratiques prévues, en plus des cycles de formation et des sessions vidéo ?
Il y aura toutes les sessions habituelles, des travaux pratiques et également des démonstrations télévisées en direct sur un patient. Nous avons conservé ces sessions plébiscitées, tout en introduisant de nouveaux formats de formation.
Comment envisagez-vous la profession de chirurgien-dentiste en 2024, notamment avec la nouvelle convention dentaire ?
Il est essentiel de mettre en œuvre des réformes. Je ne suis pas satisfait de tout, mais il est important de faire évoluer les choses. On aimerait parfois aller plus loin sur certains aspects de ces évolutions, mais j’ai une vision optimiste de la profession. Aujourd’hui, en tant que praticien libéral, nous travaillons dans de bonnes conditions, avec beaucoup de liberté dans notre exercice. Nous avons également la possibilité de nous former auprès de nombreuses sociétés scientifiques pour acquérir de nouvelles connaissances.
Que pensez-vous du paysage des formations proposées ?
De nombreuses sociétés proposent des formations en e-learning, ce qui correspond aux attentes des chirurgiens-dentistes qui peuvent se former sans se déplacer et à leur rythme. La formation en présentiel lors du congrès de l’ADF est également indispensable, car elle repose sur le contact humain et l’échange. Je pense que les deux types de formations sont complémentaires et ne doivent pas s’opposer.