Et si le « gaz hilarant » pouvait contribuer à l’amélioration de la santé mentale des personnes atteintes de dépression ? Plusieurs recherches, y compris une réalisée par une équipe de l’Inserm, montrent que le protoxyde d’azote pourrait agir comme un « potentiel antidépresseur à effet rapide ».
Le Meopa est un mélange de deux gaz (protoxyde d’azote et oxygène : N2O) et est principalement utilisé par les dentistes, surtout dans les hôpitaux, comme anesthésique pour aider les enfants et les adolescents à surmonter leur anxiété et atténuer leurs douleurs lors des soins dentaires.
Cependant, le protoxyde d’azote, également connu sous le nom de « gaz hilarant », souffre d’une mauvaise réputation en raison de son utilisation récréative. Une étude, publiée sur le site de l’Inserm le 12 mars 2024, révèle cependant son potentiel pour traiter les troubles psychiatriques.
L’utilisation du protoxyde d’azote pour lutter contre la dépression
Le psychiatre Thomas Desmidt du CHU de Tours, en collaboration avec l’unité Inserm iBrain, a réussi à identifier « les mécanismes cérébraux associés aux effets antidépresseurs du N2O grâce à des techniques d’imagerie médicale ».
Pour ce faire, les chercheurs ont exposé un groupe de trente femmes âgées de 25 à 50 ans (« vingt souffrant de dépression résistante et dix volontaires en bonne santé ») au Meopa pendant une heure. D’après le Dr Desmidt, « l’exposition à ce mélange a permis de diminuer significativement les symptômes chez 45 % des patientes atteintes de dépression sévère ».
« Les données, analysées par des collaborateurs de l’université de Pittsburgh aux États-Unis, montrent chez les neuf patientes qui répondent positivement au traitement une très forte diminution de la connectivité cérébrale du cortex cingulaire antérieur avec le précunéus », précise-t-il. « Or, ces zones cérébrales, situées respectivement à l’avant et à l’arrière du cerveau, sont connues pour s’activer de manière synchronisée chez les patients dépressifs. La séance de Meopa permet de « désactiver » ce réseau cérébral dont l’hyperactivité est associée à la souffrance dépressive et aux ruminations. »
Certains patients ont même ressenti les effets pendant « plusieurs mois ». Il a également mentionné que, selon la littérature scientifique, « les réponses positives au N2O dans la dépression sont de l’ordre de 20 à 40 %, après une seule exposition au produit ».
Ces résultats prometteurs pourraient ouvrir la voie à une nouvelle génération d’antidépresseurs, étant donné que « 30 % des patients souffrant de dépression sont résistants à toute forme de traitement pharmacologique ».