Une étude récente de l’Université médicale et dentaire de Tokyo a mis en évidence le rôle de la bactérie Porphyromonas gingivalis, présente dans la bouche, comme facteur aggravant dans la dégradation du muscle cardiaque suite à un infarctus.
P. gingivalis et la « fragilité cardiaque »
Plusieurs recherches scientifiques ont déjà établi un lien entre la maladie parodontale et la maladie d’Alzheimer. Une nouvelle étude, publiée le 18 septembre 2023 dans l’International Journal of Oral Science, suggère que certaines bactéries responsables de problèmes de gencives pourraient également nuire à la récupération du muscle cardiaque endommagé après un infarctus. Cette étude, intitulée « Porphyromonas gingivalis, a periodontal pathogen, impairs post-infarcted myocardium by inhibiting autophagosome-lysosome fusion », est dirigée par le Dr Yuka Shiheido-Watanabe.
D’après les recherches du Dr Shiheido-Watanabe, la bactérie P. gingivalis, présente dans 86 % des cas de maladies parodontales chroniques, « aggrave la fragilité du muscle cardiaque après un infarctus ». Cependant, « les mécanismes responsables de cet effet demeurent méconnus ».
Les effets de la gingipaïne, une protéine clé
Les scientifiques se sont intéressés à la gingipaïne, une protéine produite par la bactérie et considérée comme un « facteur de virulence clé » empêchant la mort cellulaire programmée. Pour vérifier leur hypothèse, ils ont créé une version mutante de P. gingivalis (sans gingipaïne) pour infecter des cellules cardiaques de souris et de rats.
Le Dr Yasuhiro Maejima, co-auteur de l’étude, a observé que les cellules infectées par la variante mutante présentaient une viabilité plus élevée et des effets atténués de l’infarctus du myocarde par rapport à celles touchées par la bactérie normale.
Selon les conclusions du Dr Shiheido-Watanabe, « l’infection par P. gingivalis produisant de la gingipaïne provoque une accumulation excessive d’autophagosomes, ce qui peut entraîner un dysfonctionnement cellulaire, la mort cellulaire et finalement une rupture cardiaque ».
Le lien entre maladies parodontales et cardiaques
Les maladies parodontales constituent un enjeu majeur de santé publique : elles sont classées au sixième rang des affections les plus courantes dans le monde et touchent plus de la moitié des adultes.
De nombreuses études ont montré que les bactéries présentes dans la bouche peuvent entraîner des complications cardiaques. Aux États-Unis, des recherches indiquent que les enfants atteints de cardiopathies congénitales pourraient présenter un risque plus élevé d’endocardite infectieuse potentiellement mortelle en raison de bactéries buccales présentes dans leur sang.
Ces nouvelles découvertes soulignent l’importance de traiter efficacement les problèmes bucco-dentaires pour réduire potentiellement le risque d’événements cardiovasculaires graves. Les chercheurs suggèrent notamment de diminuer son apport calorique pour prévenir les maladies parodontales. Il est également essentiel de remplir un questionnaire médical dentaire afin d’évaluer les risques et de mettre en place un traitement adapté.